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Vivre avec le syndrome du jumeau perdu

Dernière mise à jour : 21 mars 2021

doctissimo.fr/psychologie/surmonter-les-epreuves/comment-surmonter-les-obstacles/syndrome-jumeau-perdu?fbclid=IwAR1vZdVTVuj_-d0Ptkpoxr7VwCIP8JzAZoqAKpQj5QhQ1dnrw-OAUICEN_I


Par Nathalie Ferron dans doctissimo.fr


Les secrets de la mémoire


Lors de certaines grossesses gémellaires, il arrive que l’un des deux embryons arrêtent de se développer avant le terme ou ne survive pas. Toute sa vie, le jumeau survivant pourra souffrir de cette perte prématurée. C’est le syndrome du jumeau perdu. Explications.


C’est un sujet peu souvent abordé dans les manuels de médecine ou dans les cabinets de thérapeutes. Pourtant, la perte d’un jumeau in utero correspond à une réalité relativement fréquente. "Un embryon sur 10 a un jumeau qui disparaît au cours de la grossesse", souligne Alfred Austermann, auteur avec sa compagne Bettina du livre "Le syndrome du jumeau perdu". Ce psychothérapeute allemand s’est penché sur le sujet en observant certaines impasses thérapeutiques dans sa pratique clinique. "Je pense notamment à une personne bloquée dans sa trajectoire. Aucun domaine de sa vie n’était satisfaisant et je n’arrivais pas à repérer l’origine de ses difficultés. C’est une thérapie en constellations familiales qui a permis de mettre en évidence la perte gémellaire vécue au cours de la vie intra-utérine", raconte le psychothérapeute.


Une réalité encore taboue


En France, c’est le médecin Claude Imbert qui a été l’une des premiers à aborder ce sujet dans son livre "Un seul être vous manque… Auriez-vous eu un jumeau ?", publié en 2004. Grâce aux échographies réalisées dès le premier mois de grossesse, la perte d’un jumeau est aujourd’hui plus facile à détecter. Toutefois, elle reste souvent difficile à aborder. "Certaines femmes sont mal à l’aise avec l’idée de la mort et ne voient pas forcément l’intérêt d’en parler à leur enfant", explique Clothilde Robin-Avezou, psychologue spécialisée dans la gémellité.


Du côté des gynécologues, la parole n’est pas non plus toujours libre. "Certains médecins refusent de dire à une femme enceinte qu’un embryon n’a pas survécu pour ne pas l’inquiéter ou pour éviter qu’elle culpabilise de ne pas avoir réussi à porter deux enfants", ajoute Alfred Austermann.

En dehors des échographies, il est presque impossible de s’assurer de la perte gémellaire. Des saignements pendant la grossesse peuvent être un indice mais les causes de ces hémorragies peuvent être multiples…


Chez les jumeaux survivants, certains signes communs semblent en revanche révélateurs. Des troubles de la vue (myopie) et de l’audition, une malformation vertébrale (type scoliose) et des problèmes dermatologiques sont souvent observés, par exemple.


Sentiment de solitude, culpabilité et peur de la mort


L’impact d’une perte gémellaire au cours de la grossesse a surtout des conséquences psychologiques plus ou moins prégnantes dans la vie du jumeau survivant. Sentiment de nostalgie, de vide et de solitude, culpabilité, peur de la mort omniprésente, difficultés à prendre sa place dans le monde professionnel, problèmes relationnels dans la vie amoureuse… le mal-être peut être important et affecter toutes les sphères de la vie du jumeau survivant. "C’est un traumatisme précoce qui laisse des traces et qui se réactive particulièrement au moment d’une séparation ou de la perte d’un être cher", ajoute Alfred Austermann.


Bien sûr, tous les jumeaux survivants ne développeront pas les mêmes difficultés au cours de leur vie. "L’ancrage dans une famille aimante et soudée ou, au contraire, les traumatismes ultérieurs qui peuvent s’ajouter, jouent un rôle considérable dans la manière dont va évoluer le jumeau survivant", ajoute Alfred Austermann.


Thérapies psychocorporelles et travail d’acceptation


Une fois qu’elles prennent conscience de cette perte précoce, les personnes vont souvent mieux. Elles comprennent enfin la cause de leur sentiment de solitude et de leurs difficultés relationnelles. Des thérapies psycho-corporelles telles que le rebirth, la kinésiologie, l’étio-thérapie, l’hypnose, la respiration holotropique, les constellations familiales… ainsi que les thérapies permettant de recontacter l’enfant intérieur sont particulièrement indiquées pour retrouver un sentiment de sécurité et avancer plus sereinement dans la vie. "Pour aller mieux, il est important que ces personnes revivent le processus de la perte intra-utérine, accueillent ces émotions avec douceur et finissent par intégrer l’événement comme faisant partie de leur histoire personnelle", ajoute Alfred Austermann.

Témoignage de Sophie Gilain, 48 ans, Marseille


"J’ai vécu toute la première moitié de ma vie avec un sentiment d’incomplétude et de solitude. Je cherchais des solutions à l’extérieur mais rien ne comblait le grand vide que je ressentais. C’est à la suite d’une séance en kinésiologie et d’un stage en constellations familiales que j’ai compris que je n’étais pas seule dans le ventre de ma mère. J’ai poursuivi ensuite une thérapie en décodage biologique. Cela m’a beaucoup aidée à accepter cette perte et à mieux comprendre mes difficultés relationnelles, notamment dans ma vie amoureuse. Depuis, je vais beaucoup mieux. Je me suis épanouie dans ma vie professionnelle et j’ai enfin rencontré un homme avec lequel je vis une belle relation. J’ai gardé une certaine vulnérabilité face aux séparations mais je gère désormais ces situations avec beaucoup plus d’apaisement que par le passé".

Écrit par : Nathalie Ferron - Journaliste

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